Pour répondre à cette vaste question, on fonce dans les coulisses de Société Générale Assurances pour décortiquer, ensemble, les démarches qui s’y construisent. Cet article reprend l'interview de Romane Anquetil, Responsable RSE de l'entreprise.
L'idée de devenir Responsable RSE vous travaille ? Dans ce cas, les programmes Indigo vous permettent d’acquérir les compétences qui feront de vous le talent adéquat pour piloter ces enjeux.
Zoom sur Romane et son entreprise
Pour comprendre la suite de l'échange, zoom sur le contexte, soit notre interlocutrice et son entreprise :
👩 Qui est Romane Anquetil ?
Après une licence de droit français et allemand, elle part pour une année d’Erasmus en Allemagne.
Déjà sensibilisée aux enjeux climatiques, c’est à ce moment qu’elle prend pleinement conscience des enjeux et de son envie de consacrer sa vie professionnelle pour contribuer à la transition de nos modes de vies. Elle a poursuivi ses études avec un Master en Management durable dans l’école ESI Business School qu’elle a fait en alternance à la Société Générale.
Aujourd’hui cela fait 3 ans qu’elle est Chargée de mission RSE chez Société Générale Assurances.
🏢 Zoom sur Société Générale Assurances
Le groupe Société Générale a 3 grandes activités : services bancaires et d’assurances, services financiers et leasing automobile. Le Groupe a une Direction Générale de la RSE ainsi que des Directions RSE dans chacune de ses unités d’affaires et de services. Ces Directions RSE d’unité sont rattachées à la politique du Groupe et doivent respecter ses lignes directrices, mais elles gardent une marge de manœuvre en pouvant aller plus loin.
La Direction RSE de la filiale Assurances du groupe Société Générale dont fait partie Romane est composée de 4 collaborateurs/collaboratrices. Société Générale Assurances représente trois mille personnes réparties en France et dans 7 autres régions d’Europe ainsi qu’au Maroc. Société Générale Assurances et ses filiales internationales proposent des gammes de produits et de services répondant aux besoins de la clientèle de particuliers, de professionnels et d’entreprises, en matière d’assurance vie épargne, d’épargne retraite et de protection des personnes et des biens.
Pourquoi choisir le métier de responsable RSE dans une grande entreprise ?
Pour Romane, cela s’est fait en 3 étapes :
1. Vouloir travailler sur un métier de la RSE, dans une grande structure.
2. Réaliser que les leviers d’actions pour embarquer les grandes entreprises dans la transition sont nombreux ! Il y a de nombreuses choses à faire, et donc un large terrain de jeux.
3. Être aujourd’hui convaincue que les entreprises ont un rôle à jouer : elles ont une influence importante, les ressources financières, humaines, et de compétences pour être en lead sur la transition !
Un petit aparté vocabulaire pour les non-initiés qui nous lisent 👇
📚RSE = Responsabilité Sociétale des entreprises, soit lorsque l’entreprise intègre dans son fonctionnement toutes les externalités qu’elle va avoir sur son environnement et sur la société de manière générale. D’une part en réduisant les impacts négatifs, d’autres part en allant plus loin sur les impacts positifs.
💡 RSE vs. Entreprise régénératrice, quelles différences ?
La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est mise en place par des entreprises qui souhaitent avoir un impact positif pour la société et l'environnement, mais les stratégies RSE sont souvent pointées du doigts pour ne s’attacher qu’à réduire leurs impacts négatifs. On y oppose les entreprises régénératrices qui viseraient à avoir un impact positif net, en neutralisant leurs impacts négatifs et en revitalisant par exemple les écosystèmes ou les communautés qu'elle touche, et en cherchant à laisser le monde dans un meilleur état qu'elle ne l'a trouvé. C'est comme passer de l'idée de "moins de mal" à celle de "plus de bien" pour la planète.Et pour Romane, les deux sont complètement compatibles ! Une stratégie RSE peut inclure et la neutralisation des impacts négatifs, et la création d’impacts positifs. C’est ce qu’ils essaient de faire à la Société Générale.
Quels sont les principaux enjeux RSE de cette grande entreprise ?
3 ambitions :
- Être un assureur responsable
- Être un investisseur responsable
- Être un employeur responsable
Être un assureur responsable
Comment ? En encourageant les comportements responsables et en rendant les offres accessibles et compréhensibles au client.
🛠 Exemples :
- Protection des biens : faire de la prévention auprès du client sur les techniques pour minimiser leurs risques pour eux et les autres
- Assurance automobile : proposer une réduction pour les usagers qui font peu de kilomètres, encourager la réparation lors d’un sinistre plutôt que le remplacement neuf, inciter au co-voiturage
- Épargne : proposer au client des investissements responsables, limiter les investissements à impact négatif. Mais aussi le sensibiliser sur l’impact de son épargne.
Être un investisseur responsable
Comment ? En intégrant de façon native les enjeux Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance dans les processus et décisions d’investissement.
🛠 Exemples :
Les leviers sont multiples. Les investissements sont évalués selon leurs impacts environnementaux (pas seulement les impacts sur le climat en mesurant l’empreinte carbone ou les trajectoires de température de réchauffement, mais également en analysant les impacts sur la biodiversité par exemple), selon leurs impacts sur la société (développement des territoires, respect des droits de l’homme, des droits du travail, …), selon des critères de gouvernance (gestion transparente d’une entreprise, lutte contre la corruption, la fraude, les conflits d’intérêt, …).
Quelles données ?
Société Générale Assurances fait confiance à des fournisseurs de données et complètent en achetant de multiples outils pour pouvoir comparer (d’ailleurs, lorsqu’il y a un écart entre deux indicateurs, ils prennent toujours l’information la plus sévère).
Les choix des critères sont rendus public et les ONG font un benchmark des tendances sectorielles.
Ressource : Oil and gas policy tracker reclaim finance
Être un employeur responsable
Comment ? En sensibilisant chaque collaborateurs aux enjeux RSE pour qu’ils soient embarqués dans les politiques de l’entreprise et que chacun soit acteur de la démarche RSE de l’entreprise, pour faire évoluer son propre métier et ses manières de faire.L’équipe RSE n’a pas le monopole, pour que l’entreprise se transforme (et rapidement), pour qu’elle puisse être ambitieuse dans ses objectifs de transition, il faut que tout le monde se mette en marche.
Et pour ça, la formation est essentielle ! Pour être acteur de la transformation de l’entreprise, il faut d’abord comprendre la raison et les enjeux.
🛠 Exemples :
- Société Générale Assurances a lancé depuis 3 ans « RSE by Design » soit « RSE par nature ». La raison d’être du projet est de permettre à tous les collaborateurs d’être acteur de la transformation de l’entreprise et d’intégrer la RSE nativement dans les projets, en 2 parties : 1. Qu’est-ce que la RSE ? 2. Comment je l’applique à mon métier ?
Le projet a été lancé sur cinq activités prioritaires :
-> Création de produit
-> Relation client
-> Investissement-
> Informatique/IT
-> Ressources humaines
Avec des collaborateurs volontaires de l’entreprise (au total 60 managers sont impliqués) ils ont défini ce que cela voulait dire d’être une entreprise RSE par nature et la feuille de route pour atteindre cet objectif à fin 2025.
En plus de cette initiative, 3 autres exemples :
- Tous les collaborateurs sans exception sont formés à la RSE, sensibilisés au greenwashing, etc.
- Déploiement de la fresque du climat avec un objectif de 30% des effectifs formés fin 2024, soit 40k personnes au niveau Groupe ! Opérationnellement c’est un très gros déploiement..
- Un atelier construit par l’équipe RSE pour répondre à 3 questions :
a. Comment mon métier impacte les enjeux environnementaux et sociaux ?
b. Comment ces enjeux impactent mon métier ?
c. Quelles actions concrètes je peux mettre en place ?
Les 2 grands challenges pour transformer la banque-assurance de l’intérieur en travaillant à la RSE
Embarquer les clients
Comment démocratiser les offres plus responsables ? Comment impliquer le client dans ses décisions ? Comment transmettre l’information en gardant la technicité du sujet mais en la rendant accessible ?
C’est l’un des enjeux majeurs de ce métier ! Les produits financiers doivent être compris et les informations doivent être transparentes, or le sujet est complexe => il y a un enjeu pédagogique tout en respectant juridiquement les termes qui doivent être communiqués au client.
Les moyens :
- utiliser des phrases courtes, un vocabulaire simple.
- former les conseillers bancaires à l’épargne responsable pour qu’il puissent déceler dans le discours des clients un intérêt et leur proposer les alternatives responsables.
Tout cela prend du temps, le groupe est très gros, il y a beaucoup de clients, de conseillers, de canaux de distribution.
Et aujourd’hui le critère de l’impact durable n’est pas dans les priorités des clients. Les tendances sont : la sécurité, le rendement et la disponibilité. Mais, la tendance de la durabilité augmente !
Embarquer les collaborateurs
C’est beaucoup de travail pour mettre en place une dynamique qui ne s’essouffle pas. On a toujours ce coeur de collaborateurs qui répond à l’appel mais l’enjeux est d’aller chercher tout le monde. Quels sont les bons leviers ? Comment donner envie de s’intéresser à ces sujets ?
On parle beaucoup de la méthodologie top-down, où les dirigeants prennent des décisions qui impactent tous les collaborateurs mais l’enjeux est d’inciter le bottom-up, soit les idées qui arrivent « d’en bas » et qui progressent jusqu’à atteindre les directions.
Romane nous partage un dernier exemple : le collectif « S’engaGer » pour tous les collaborateurs du groupe Société Générale qui souhaitent s’engager plus loin, contribuer au transformations positives du Groupe. Ici on parle d’engagement pour l’entreprise mais un engagement bénévole qui ne se fait pas sur le temps de travail. Ils recrutent et fédèrent les membres (participer n’est pas obligatoire, ils peuvent juste suivre les actualités) et chacun peut s’inscrire pour participer aux initiatives, par exemple : le sujet de la mobilité durable, le plogging challenge, le numérique responsable, etc.Là, on va chercher ceux qui ont envie de faire « l’extra-mile » nous dit Romane.
En conclusion, est-ce que c’est possible de transformer la banque-assurance de l’intérieur en travaillant à la RSE ?
La réponse est OUI !
Transformer de l’intérieur vient en complément des pressions externes pour accélérer les évolutions d’une entreprise, pour Romane les deux sont nécessaires : une volonté et des moyens en interne + de la pression externe pour accélérer les actions.
Et c'était le mot de la fin ☝️
Merci d'avoir lu l'article et si cela vous a plu, rendez-vous aux prochains Indiclub !
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